— Le vêtement est tout d'abord pour l'humain, naissant sans coquille ni fourrure, une protection contre les intempéries. Il apparaît comme le remplacement dans le monde aérien du placenta, une enveloppe qui prend la suite du corps maternel. Pourquoi l'homme est-il le seul des mammifères à faire suivre la grossesse par un nouvel enveloppement ? Est-ce seulement en raison de la prématuration et de la fragilité du petit d'homme ? Cela n'expliquerait pas qu'il continue de se vêtir — sauf dans le lieu de son intimité — à tout âge et partout, jusque dans la sécurité de sa maison. Est-ce le signe d'une introduction à un autre monde que le seul monde physique ? « …La relation à établir entre l'homme et le vêtement n'est pas principalement un problème moral… mais elle est un problème de métaphysique et de théologie » (E. Peterson, Théologie du vêtement). 1. Le fait de se vêtir indique une particularité du genre humain. 2. Le choix des vêtements, ensuite, appelle la réflexion. 3. Le sens, enfin, donné à cet acte et à ces choix ouvre une troisième dimension à notre étude.

1. Le fait de se vêtir : au-delà de la nature.

— Le vêtement posé sur l'enfant est signe que celui-ci n'est pas un petit animal ; même s'il ne parle pas encore, il est en voie de devenir un être parlant ; en lui demeure déjà un esprit travaillant selon l'ordre de la raison, un nom lui est donné ; nom et vêtement le rattachent tous deux aux humains qui l'accueillent — ses parents, le corps social dans lequel ils se trouvent. C'est à cette communauté d'êtres parlants que le vêtement l'introduit. Le vêtement qui rend le corps humain partiellement invisible indique la présence de l'esprit invisible, secret du corps humain. Il suffit pour s'en assurer de penser à l'humain qui se dévêt lui-même publiquement : c'est à la folie qu'on pense (trouble momentané de l'ivresse ou folie durable), comme s'il avait quitté le monde de raison et de sens dont le vêtement serait le signe apparent. Et lorsque des hommes veulent faire perdre à un autre homme son identité, comme dans l'esclavage, la torture, les...

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