— 1. Un centon. — 2. La doctrine. — 3. Sources et comparaisons.

1. Un centon.

— Lorsque les victorins publièrent les oeuvres de Hugues de Saint-Victor (Rouen, 1648), ils y inclurent un ouvrage composite qu'on trouve sous son nom dans certains manuscrits de la fin du moyen âge : le De anima. En fait, il s'agit d'une vaste compilation dont les quatre parties essentielles se retrouvent le plus souvent séparées dans les manuscrits et qui sont attribuées par eux aux auteurs les plus divers (PL 177, 165-190). La première et la troisième, c'est-à-dire les Meditationes piissimae (PL184, 485-508) et le De interiori domo (507-552 avec adjonction PL 177, 165-170), ont parfois été attribuées à saint Bernard, tandis que le De spiritu et anima (PL 40, 779-832), seconde section de la compilation que l'on retrouve parmi les spuria augustiniens, est une oeuvre d'Alcher de Clairvaux † 1153, et que le dernier traité est le De erectione animae (PL 177, 171-190). C'est le Tractatus de interiori domo seu de conscientia aedificanda que nous étudierons brièvement ici. A vrai dire, la critique interne autant que la critique externe nous obligent à pousser plus loin le procédé d'analyse que nous venons déjà d'utiliser pour le De anima. Car le De domo interiori est, lui aussi, un centon, une compilation dont il est aisé de retrouver les divers éléments. Le ms 205 de Chartres nous donne une première indication en distinguant quatre parties qui correspondent, de fait, à ce qu'un examen purement interne pourrait découvrir. La première comprend le prologue et les neuf premiers chapitres : elle étudie comment le religieux doit « édifier sa conscience », construire la maison de sa vie intérieure. A ce texte parfaitement structuré, fait suite un second, plutôt désordonné mais plus bernardin de ton (ch. 10-18), qui se termine par une confession à Dieu : le moine y avoue ses faiblesses et ses tristesses. Vient ensuite un bref opuscule qui donne essentiellement l'entretien spirituel d'un moine avec son abbé (ch. 19-22) : le religieux s'humilie devant Dieu et avoue ses fautes à...

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