— La timidité, comme l'indique l'étymologie latine (timor = crainte), est une attitude de crainte en présence d'autrui. Mais il importe de préciser.

1. SYMPTÔMES DE LA TIMIDITÉ.

— Nous n'insisterons pas sur les symptômes organiques, pourtant fort importants, qui constituent une gêne sérieuse pour le sujet timide : phénomènes d'angoisse (contraction de la gorge, de la région précordiale, de l'épigastre…), contractions musculaires, entraînant des troubles de la parole, des gestes maladroits, des tremblements, une impression de fatigue excessive (due à la tension de tout l'être), des troubles vasculaires (pâleur, rougeur…) et sécrétoires (transpiration ou « bouche sèche »), etc… : en fait, ces troubles sont surtout néfastes par la conscience qu'en prend le timide et l'état de panique qu'ils provoquent. Le timide, plus ou moins sujet à ces divers troubles et qui ne cesse de les appréhender, n'est plus maître de lui ni de ses réactions. La psychologie du timide est donc essentiellement marquée par la crainte ; mais il ne s'agit pas de n'importe quelle crainte : c'est la crainte devant autrui, plus précisément sous le regard d'autrui. Comme on l'a souvent fait remarquer, la crise ou l'accès de timidité ne survient qu'en présence d'un autre ou des autres. En ce sens, malgré un certain nombre de différences, la timidité s'apparente à la honte. Il est vrai qu'on peut être honteux même en l'absence d'autrui (mais n'y a-t-il pas, dans ce cas, une sorte de « regard intérieur » ?) et que la honte implique d'ordinaire un certain sentiment de culpabilité — mais le timide lui-même a souvent tendance à se sentir « en faute » ; il n'est pas, croit-il, ce qu'il devrait être. Ce dernier trait rapprocherait, jusqu'à un certain point, le timide du scrupuleux, ce dernier craignant toujours, lui aussi, de mal faire. Mais on peut être timide sans être scrupuleux ! Enfin, s'il est vrai que le timide manque d'assurance et d'audace dans des situations qui lui apparaissent comme « dangereuses » ou...

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